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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 08:49

A l'échelle du cosmique, seul le fantastique a des chances d'être vrai.Teilhard de Chardin

 

Vengeurs-1

Chapitre 1

 

Paris , 7iè jour de Nivose, an 2

 

Le pinceau du premier rayon du jour entra par la lucarne de la salle de cuve.Sous ces voûtes noircies, où régnait une fraîcheur humide de cave, qui avait une odeur de pierre et de chiffons mouillés, c'était chaque jour le même signal. Martial, ceint d'un tablier de toile blanche,penché au-dessus de l'auge fumante remplie d'une bouillie fine et blanche, se redressa, faisant apparaître son long visage où brillait sur ses lèvres un sourire empreint de tendresse, au coin duquel flottait un soupçon d'ironie. Plantant ses yeux clairs dans le regard de Gaspard, son compagnon qui lui faisait face, il attendit quelques minutes, en silence, rituel immuable, que le rayon vint se poser au centre de la cûve où baignait la pâte laiteuse.A ce moment précis, comme saluant le soleil selon la liturgie d'on ne sait quelle antique religion pâïenne où on se dirait en soi:"c'est un beau jour pour mourir", il plongea , solennelement, son châssis de fils de laiton entrecroisés dans la pâte, l'en retirabien à plat, donnant un coup de poignet sec pour qu'elle s'étale sur la forme comme une fine couche de neige, tour de main qu'il lui avait fallu des années d'apprentissage pour acquérir.Ce qui faisait, en maïtre papetier qu'il était devenu, qu'il avait la fierté de la belle ouvrage accomplie.

Puis, il fit glisser le cadre à Gaspard, son compagnon, qui le renversa avec une délicatesse que l'on n'aurait pu soupçonner chez un tel gaillard, sur une pile de feutres entassés. Alors apparut, dans sa blancheur virginale, la dernière feuille de papier fabriquée de la nuit.

Cela faisait dix ans, depuis qu'il avait quité les montagnes du Livradois et qu'il avait repris cette fabrique, ce moulin à papier installé sur la rive de la Bièvre que, nuit après nuit, se reproduisait, dans la tradition , le même rituel. Pendant que Gaspard et l'apprenti actionnaient l'énorme vis de la presse afin d'évacuer l'eau contenue dans les feuilles en ahanant, Martial caressa la dernière feuille de papier fabriqué et suivit, du bout de l'index, le filgrane innervé dans le papier: un coeur au centre duquel était inscrit un oeil , surmonté du chiffre quatre. Il fit ce geste machinal avec nostalgie car ce filigrane lui rappelait celui du moulin d'Ambert où il avait fait son apprentissage. Puis il poussa la porte séparant le moulin de son logis. Il se dirigea droit sur la cheminée où s'étaignait le feu de la nuit, s'agenouilla devant elle, mit trois bûches, se saisit du tisonnier,raviva les braises sous la cendre jusqu'à ce que les flammes se remettent à éclairer la pièce et que les bûches bourdonnent.

........................................................................

 La Conjuration des Vengeurs. Roman , de Laurent Ducastel et Jacques Viallebesset est paru aux éditions Dervy. Adapté en Bande dessinée aux Editions Glénat ( La Vallée dez hommes et Les Nobles Voyageurs), ils sont disponibles dans toutes les " bonnes" librairies .

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 08:18

Qui n'aime pas l'eau pure a le coeur peu sincère

Qui n'aime pas le pain mal juge de la terre

Qui se calfeutre et n'aime pas le vent

N'aura pas l'aventure et n'aura pas l'espace

Ni les peurs du départ ni son destin devant.

Celui-là passe et ne sait pas qu'il passe.

 

Qui n'aime pas le feu hait la vie ou la craint

Flamme mouillée cet brûlure de joie

Qui forge les grands troncs et cisèle les brins,

Les poissons de métal, les oiseaux plume à plume,

Les fauves, les serpents pour qu'ils mangent et soient,

Et les fusées d'insctes qui s'allument.

 

Qui n'aime pas la nuit n'aime pas la pensée

Abîme à des triangles d'astres suspendu

Où les parfums de l'herbe et les vies tépassées

Tressaillent, et le monde aux dedans défendus.

 

Qui n'aime pas la mer jamais n'aima le rêve.

Stupeur des ports qui balancent leurs mâts

Déchéance éternelle et gloire de la grève,

Perle conçue aux sources des climats.

 

Qui n'aime la pudeur jamais n'aima.

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23 juillet 2015 4 23 /07 /juillet /2015 08:53
Humus. Jacques Viallebesset

Des eaux souterraines abreuvent mon coeur

D'une source résurgente du fond des âges

Venue sous l'humus des sous-sols de la vie

D'un sang ancien s'élance une sève nouvelle

 

Cet humus qui me fait homme de racines

Dans la forêt pleine de vents et de tempêtes

Nourrit la montée sans fin des sucs du futur

Pour qu'éclatent les bourgeons de la parole .

 

Poème inédit à paraître en Mai 2015 in

CE QUI EST EPARS

Chez Recours au poème éditeurs

www.recoursaupoemeediteurs.com

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23 juillet 2015 4 23 /07 /juillet /2015 08:52
Emportez-moi. Henri Michaux

Emportez-moi dans une caravelle

Dans une vieille et douce caravelle,

Dans l'étrave,ou si l'on veut dans l'écume

Et perdez-moi au loin, au loin

 

Dans l'attelage d'un autre âge,

Dans le velours trompeur de la neige 

Dans l'haleine de quelques chiens réunis

Dans la troupe exténuée des feuilles mortes

 

Emportez- moi sans me briser dans les baisers 

Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent

Sur les tapis des psaumes et leur sourire

Dans les corridors des os longs et des articulations 

 

Emportez- moi ou plutôt enfouissez- moi.  

 

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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 07:56

Encore un petit coup de vie

Pour voir si ça n'ira pas mieux

Parfois les orages dévient

Et le quignon nous dit Adieu

 

Si ce n'est pas trop demander

Encore un petit coup de vie

Bien au chaud et les yeux bandés

Pour adoucir les tragédies

 

Les yeux bandés, la bouche ouverte,

En voir de toutes les couleurs

 Des pas mûres comme des vertes

 Mais garder l'espoir du bonheur

 

Cahin-caha, caché, debout

De vie encore un petit coup

Avant de sucer l'autre bout

Des fraises murissant pour vous.

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21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 09:09

Parce que c'est entre les hommes

Parce que c'est une question de fleurs rouges

Entre eux depuis des siècles

Parce que la vie est belle et désirable

Comme un puits dans le ciel

Parce que malgré tout ce cheval

Est fou d'amour pour une étoile

Parce qu'il y a une réponse merveilleuse

A la mort qui se traduit par cette épaule

Tendrement inclinée vers la mer

Parce que nul ne peut chasser

La main qui vole et le moineau

Fabuliste de ma mémoire

Parce qu'il reste du cidre à boire

Dans les auberges de campagne

Parce que tu ne peux t'éloigner

Un seul instant sans que je sache

Que l'équilibre du monde est changé

Parce que le ciel qui se rapproche

Ne m'empêche pas de grandir

Parce qu'il importe d'aimer

Toute chose à ta ressemblance

Je ne m'inquiète pas du jour qui va finir

Ni de ces fleuves dépassés par l'aventure

Non plus de cet enfant vaincu qui s'achemine

A la renverse dans les blés

Je suis certain d'avoir tout fait

Pour être sauf.

 

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21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 08:49

Agé de cent mille ans, j'aurais encore la force

De t'attendre, ô demain pressenti par l'espoir.

Le remps, vieillard souffrant de multiples entorses,

Peut gémir:le matin est neuf, neuf est le soir.

 

Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille ,

Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,

Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille

A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.

 

Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore

De la splendeur du jour et de tous ses présents.

Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore 

Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.

 

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19 juillet 2015 7 19 /07 /juillet /2015 08:38
L'athanor. Jacques Viallebesset

1deCouve EDC

Je suis l’athanor de moi-même

Mon cœur est en putréfaction

Sel, soufre et mercure

Coulent dans mes veines

Le plomb de mes contradictoires pulsions

Se transmute en or pur

 

Œuvre au noir de mes peines

 

Je suis l’athanor de moi-même

Mon cœur est en fusion

Passions désirs et sentiments

Brulent dans mes veines

Je me porte à l’incandescence

De ma seule identité vraie

 

Œuvre au blanc de ma  raison

 

Ce qui est en bas est comme

Ce qui est en haut. Sexe, ventre

Cœur et cerveau sont désormais reliés

Seul l’Amour vrai rend libre et lucide

Mon amour de la vie brille dans tes yeux

Nous sommes enfin nous-mêmes vivants

 

L’Œuvre au rouge  est achevé

Je renais au plus haut de moi-même

 

Copyright LE NOUVEL ATHANOR. MARS 2011S" L'écorce des coeurs" est disponible en librairie, ( diffusion Soleils) , sur amazon.fr, fnac.com et la boutique en ligne de l'éditeur

www.lenouvelathanor.com

Si vous souhaitez en recevoir un exemplaire dédicacé, veuillez m'adresser un mail à

jacques.viallebesset@orange.fr

La poésie se propage comme le pollen et se dépose au gré des vents sous l'écorce des coeurs. Que la poésie vous garde...

 

 

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19 juillet 2015 7 19 /07 /juillet /2015 08:36

Mon maître est le peseur de mots,

Il me dit: rien ne vaut la page blanche.

L'encre salit le papyrus.

 

Maître, c'est vrai.

Je sais que mes rouleaux seront poussière,

que mes écrits s'effaceront .

Pourtant mon rôle est de nommer les choses,

qu'elles durent un jour ou dix mille ans.

Je nomme, donc je suis.

Les nommant, je me dis que rien n'existe

mais je crois exister.

 

Mon maître est le vanneur de vent

Il garde les mains vides, il secoue

la poussière de ses souliers.

Jamais il ne s'arrête, en aucun lieu

ne s'établit.

Heureux les pauvres en esprit, dit-il, et:

tiens-toi prêt.

 

Seigneur, je l'ai toujours été.

Moi qui reste attaché

à tout, comme la chèvre à son lopin de terre,

tu sais que, pourtant, je suis prêt.

Je te suivrai quand s'ouvrira la porte.

 

Je viens d'avant le souffle du commencement.

Je n'aurai pas de fin.

Je, c'est-à-dire

le principe qui m'anime

et qui poursuivra

le voyage en me quittant.

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18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 09:46

O VOUS TOUS, LES BANNIS du

monde!

Notre langue est mêlée de sources et d'étoiles

Comme la vôtre.

Vos lettres sont notre chair.

Nous les ligrants vers les hauteurs

Nous vous reconnaissons-

Ô vous les bannis du monde!

Aujourd'hui l'humaine bîche fut pendue à nos branches

Hier dans la clairière le chevreuil laissa

l'éclat des roses à l'entour de notre souche

L'ultime peur de vos pas s'éteint dans notre paix

Nous sommes la grande aiguille des ombres

Que fait tourner le chant des oiseaux-

Ô vous tous les bannis du monde!

Nous pointons vers un secret

Qui commence avec la nuit

 

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Présentation

  • : L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset
  • : VIVRE POETIQUEMENT, L'AMOUR VRAI, LA JOIE D'ETRE sont les trois facettes d'une seule et même chose qui se nomme: ETRE et ne pas seulement exister. Lorsqu'on vit poétiquement, forcément, ça laisse des traces....
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