Nous nous sommes habitués au même.Il n'est d'habitude qu'en la "répétition" et le souci du même, dans les préceptes et les rites barbares de son culte. Il n'est d'habitude que pour échapper à l'autre, à l'attraction, à l'aimantation incessante de l'autre. Pour échapper u vertige. Notre désir est si fortqu'il ne peut se lasser, si brûlante son ardeur qu'il n'est moyen de concilier.Il nous fouette, nous use sans compter vers le seul terme de sa quête, le seul ami, et notre volonté serait-elle plus docile, nous serions tentés encore, parfois, de nous arrêter...L'abîme en nous se consume d'une telle faim qu'il nous parait jamais ne pouvoir l'assouvir. Cette faim nous fait peur, qui tellement nous dépasse, tellement nous est étrangère. Cette faim est dévorante, qui va vers l'autre, qui brûle de se donner à l'autre. Nous en sommes les mots, les gestes, les regards: comment la porter, comment se laisser porter par son élan? Nous cherchons dans le monde, et ne trouvons nulle part sa mesure. Nous cherchons dans l'instant, et restons ébloui. Gérard Pfister.