Se sentir bien ne résulte pas d’une prise de médecine, d’alcool, de drogue, de spiritualité ou d’un hédonisme de bazar. C’est établir une relation , une reliance avec ce que l’on éprouve en soi de plus profond, de plus vivant, jusqu’à cette vibration issue de tout ce qui vit, où le corps et le monde se découvrent un langage commun , une musique ou une poésie de l’action unanime.
Telles sont les impulsions vitales de l’enfance, que l’adulte prend tant de temps et d’énergie à redécouvrir.
Nous sommes instruits à tout ignorer de nos bas et hauts-fonds alors que nous y naviguons sans discontinuer. Que savons-nous de ce cloaque où ne s'opère pas le partage entre les eaux vives et les eaux usées, entre la source de jouvence et la pluie des vieillissements, entre l’efflorescence des désirs et ceux qui, les reins brisés, la viennent contaminer en pourrissant ?
Nous désirons nous reconnaître par analogie avec le Vivant, non par comparaison avec ce qui nous mesure. Par la qualité, non par la quantité.
Que le plaisir d’être en compagnie du vivant révoque la « compassion » qui, souffrant avec tout ce qui souffre, perpétue la misère pour la mieux consoler.
L’ordre du vivant ne distingue ni inférieurs ni supérieurs. Le bonheur exige tant de lumières et de discernement que l’agonie et le malheur quotidiens n’ont qu’à miser sur l’ignorance et la fatigue pour jouer gagnants.
Nous ne voulons connaître et nous reconnaître que par affinités et discordances.
La qualité de la Vie est unique et inaliénable. Rien ni personne n’a de prise sur la volonté de vivre et sa conscience.
L’unisson d’une vraie présence humaine et irrévocable exclut toute forme de hiérarchie, de domination, de soumission, de dépendance, consciente ou inconsciente.
L’être nouveau est en train de naître en identifiant ses vrais désirs, en les recréant, et en faisant prévaloir sur les préoccupations de survie un véritable mode de vie, une « manière d’être » .
La Vie est un défi à la survie et à la violence des choses qui la contraint.
« Sois ce que tu désires et deviens ce que tu es » est l’œuvre d’une vie que rien ni personne n’a le droit d’entraver, pour quelque raison que ce soit.
Nous sommes trop lucides pour nous reprocher de ne l’avoir pas été assez. Il n’y a ni à s’infatuer d’avoir raison ni à se mépriser d’avoir eu tort. Qu’il nous suffise de frayer à nos vrais désirs une voie plus humaine…
La plupart de nos désirs sont à réinventer. Tout l’art consiste à les rapporter à la Vie, en sorte qu’ils reprennent leur cours sans que les barrages ordinaires les fassent refluer sous le signe de la morbidité. Ce qui ne s’ouvre pas à la vie se referme sur sa propre mort. Les citadelles intérieures implosent ou explosent.
Nous n’avons connu du merveilleux que son ombre, la sorcière plutôt que la fée. Nous voulons des mystères qui ne recèlent plus d’horreurs, de mensonges et de malheurs. Le simple émerveillement d’un belle vie inconnue à inventer à deux.La volonté de vivre pleinement ne soumet ni les êtres ni les choses. Elle les aimante de son pouvoir de Vie.
La volonté de vivre est semblable à la Grande Puissance dont parle Simon de Samarie. Elle réside en nous !Mais si elle demeure en sommeil, au fond de soi, elle s’évanouit et disparaît comme disparaît dans l’âme humaine la puissance à la grammaire ou à la géométrie ; car la puissance, aidée par l’exercice par l’Amour , s’il est vrai, devient la lumière des êtres, mais sans l’exercice et sans l’amour , elle n’est que maladresse et ténèbres. Ne rien tenir pour assuré ( le vrai doute) engage à se battre comme si rien n’était impossible. Non pas se battre contre. Se battre pour…Il ne faut jamais se laisser aller au dépérissement. Il y a dans chaque instant l’appel à l’épanouissement…