C'est avec le concours du peintre Claude Legrand que Jacques Viallebesset publie Le plain-chant des hautes terres. A la vigueur parfois rude des paysages du Cézallier, entre Cantal et Puy de Dôme, il faut l'accord du verbe et de la peinture, emportée, lyrique, colorée, à la limite du réalisme et de l'abstraction, voire lointaine parente de Zaou-Wou-Ki .
Un vent de vigueur passe des couleurs aux mots de Jacques Viallebesset, non sans la dimensioon musicale suggérée par le titre: Le plain-chant des hautes terres, en une habile synesthésie. Quand la peinture est alchimie et calligraphie, l'écriture est écoute du ciel venteux et des plateaux bosselés que pâturent les bêtes lorsque les neiges ne les blanchissent pas . De telles " pérégrinations" ont quelque chose de démiurgique : " Marcher d'un pas à faire naître la terre/ Dans quelques arpents d'imaginaire/ Ces étendues bleues comme faïences lointaines". L'on devine une parenté secrète avec la poésie chinoise voire le haïku japonais. De toute évidence, sur cette " haute solitude", c'est là qu'il faut trouver les " chemins de soi" .
Entre " le village enchanté" et "le silence du vallon", la quête des sensations est propice à l'irruption de l'imaginaire, à la création poètique, là où le " palimpseste" est celui du jour qui efface et réecrit par dessus le précédent: " Chaque coucher le vent efface/ Sur l'ardoise magique du ciel/ L'énigmatique calligraphie/ Tracée par les branches des arbres". L'espace est à déchiffrer, lire comme le texte dela création qui gît dans " la tourbe originelle". De même " le limon des nuages et l'humus des coeurs" associés sont le signe d'une osmose entre l'homme et la nature : "J'habite un pays vert qui m'habite". En cet ici-bas qui est un "ici-haut " , un tel " chant du monde" est jubilatoire. Outre le talent de la description paysagère, ou de la topographie pour employer un terme rhétorique, ce recueil dévoile un art poétique .
Les vers libres non rimés de l'auteur, que l'on imagine marchant le carnet à la main, tournoient autour du fantôme de l'alexandrin, rarement ponctués; ses distiques, quatrains et tercets ont le rythme des pas de grande ampleur dans le hors-sentier de l'espace. Ainsi, le recueil de Jacques Viallebesset, dont le lyrisme est sans mièvrerie aucune, est empreint d'une belle dimension postromantique, au sens d'une relatioon étroite et passionnée avec la nature sauvage et le cosmos.
Thierry Guinhut
thierry-guinhut- litteratures.com
Le recueil ( éditions Le nouvel athanor ) est disponible en librairie, fnac.com, le site de l'éditeur lenouvelathanor.com et amazon.fr
isbn 978-2-35623-093-5 . Prix: 23 e
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