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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 05:00

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,

Et la mer est amère, et l'amour est amer,

L'on s'abyme en l'amour aussi bien qu'en la mer

Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

 

Celuy qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,

Celuy qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,

Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflamer,

Et tous deux ils seront sans hazard de naufrage.

 

La mère de l'amour eut la mère pour berceau,

Le feu ort de l'amour, samère sort de l'eau ,

Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

 

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 05:00

A LA FENETRE

 

Donnez-moi la faim

Ô vous dieux qui êtes assis et donnez

Aux mondes ses ordres.

Donnez-moi la faim, la souffrance et la volonté.

Bannissez-moi dans la honte et l'échec

De vos portes dorées et de la renommée,

Donnez-moi votre faim la plus miteuse, la plus lasse!

 

Mais laissez-moi un peu d'amour,

Une voix pour me parler à la fin du jour,

Une main pour me toucher dans la chambre sombre

Brisant la longue solitude,

Dans le crépuscule des formes diurnes

 

Embuant le coucher du soleil,

Une petite étoile errante, à l'ouest,

Est sortie des formes changeantes de l'ombre.

Laissez-moi aller à la fenêtre,

Y regarder les formes diurnes du crépuscule,

Attendre et reconnaître la venue

D'un peu d'amour.

 

Chicago Poems. Editions Le Temps des Cerises. 2011

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 05:00

Je ne sais ce que signifie

Cette tristesse qui est en moi

Une légende d'autrefois

Ne me sort pas de l'esprit.

 

L'air est frais, tombe la nuit

Et tranquille coule le Rhin.

Le sommet des montagnes luit

Dans les lueurs du couchant.

 

Là-haut, la plus belle des filles

Est assise, ô merveille,

Ses parures d'or brillent,

Elle coiffe ses cheveux dorés.

 

Elle les peigne avec un peigne d'or

Et ce faisant elle chante

Un chant mystérieux

A la mélodie puissante.

 

Le pilote d'un esquif

En est saisi de douleur;

Il ne voit pas le récif

Il ne voit que les hauteurs.

 

Je crois qu'à la fin l'onde engloutit

Le batelier et son canot;

Et voilà ce que fit

Avec son chant, la Loreleï .

 

Le Tambour de la liberté. Poèmes choisis et traduits par Francis Combes. Editions "Le Temps des Cerises". 2011

 

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 05:00

Il se peut que sonne creux désormais

et que le hasard n'ait rien aboli

 

Ce qui chante dans nos mémoires

prend-il congé de nous

 

comme une fausse alerte

en zone d'embarquement?

 

Dis Perdro Calderon de la Barca,

où s'est envolé le voilier de nos rêves?

 

Il est trop de poèmes réduits au petit feu

de bruits de glotte qui glosent,

 

même si la poésie ne s'en va pas revenir

sur ses pas,

 

même si je n'est pas un autre, parfois.

 

Le vagabond au coeur sauvage

rameute autant qu'il peut.

 

C'est à ruiner l'enclos du vent

que s'épuisent nos lèvres et nos dents.

 

Dis, Pedro Calderon de la Barca,

en quelle vie prolonges-tu nos songes?

 

 

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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 05:00

Quand plus rien de personnellement exaltant n'est attendu,

Plus on palpite et plus on est proche de la conscience,

Existant comme un fauve, aveuglement affirmé,

Comme un pouls qui frappe les ténèbres,

 

Quand on regarde en face

Les vertigineux yeux clairs de la mort,

On dit les vérités:

Les barbares, les terribles, les amoureuses cruautés.

 

On dit les poèmes

Qui élargissent les poumons de tous ceux qui,

Asphyxiés,

Demandent à être, demandent du rythme,

Demandent des lois pour ce qu'ils éprouvent

d'excessif.

 

Avec la vitesse de l'instinct,

avec l'éclair du prodige,

comme une évidence magique, ce qui est réel nous

Transforme

En ce qui est identique à lui-même.

 

Poésie pour le pauvre, poésie nécessaire

Comme le pain de chaque jour,

Comme l'air que nous exigeons treize fois par minute,

Pour être et tant que nous sommes donner un oui qui

Nous glorifie.

 

Parce que nous vivons par à-coups, parce que c'est à

Peine s'ils nous laissent

Dire que nous sommes ceux que nous sommes

Nos chants ne peuvent être, sans péché, un ornement,

Nous touchons le fond.

 

Je maudis la poésie conçue comme un luxe

Culturel par ceux qui sont neutres

Ceux qui, en se lavant les mains, se désintéressent et

S'évadent.

Je maudis la poésie de celui qui ne prend pas parti

Jusqu'à la souillure.

 

Je fais miennes les fautes. Je sens en moi tous ceux

Qui souffrent

Et je chante en respirant.

Je chante, et je chante, et en chantant par delà mes

Peines

Personnelles, je m'élargis.

 

J'aimerais vous donner la vie , provoquer de nouveaux

Actes,

Et je calcule en conséquence, avec technique, ce que

Je peux faire.

Je me sens un ingénieur du vers et un ouvrier

Qui travaille avec d'autres l'Espagne dans ses aciers.

 

Telle est ma poésie:poésie-outil

A la fois battement du coeur de l'unanime et aveugle

Telle est, une arme chargée de futur expansif

Avec laquelle je vise ta poitrine.

 

Ce n'est pas une poésie pensée goutte à goutte.

Ce n'est pas un beau produit. Ce n'est pas un fruit

Parfait. C'est similaire à l'air que nous respirons tous.

Et c'est le chant qui donne de l'espace à tout ce que

Nous portons en nous.

 

Ce sont des mots que nous répétons en les sentant

Nôtres, et ils volent. Ils sont plus que ce qu'ils nomment.

Ils sont le plus nécessaire: ce qui n'a pas de nom.

Ce sont des cris au ciel, et sur terre ce sont les actes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 05:00

Il est des nuitsoù la poésie entre

par la fenêtre de l'âme-la plus

petite des fenêtres de l'âme,

qui ne laisse filtrer qu'un rai

de lumière avec lui,

 

Alors, je la recueille dans cette coupe

abstraite, dont la transparence

me révèle la couleur minérale

de la nuit; et mes doigts effleurent

la surface d'une eau limpide,

un clair de lune

de mots.

 

Puis, je verse sur le papier

l'encre de la nuit, avec son rai

de lumière et cette ligne de musique

où le poème s'inscrit; et les

vers s'imprègnent de ce liquide,

devenant humides comme tes

cheveux après l'amour,

quand les fenêtres de l'âme s'ouvrent

pour laisser entrer la pluie

de la vie.

 

 

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 05:00

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;

Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,

Qui d'une main distraite et légère caresse

Avant de s'endormir le contour de ses seins,

 

Sur le dos satiné des molles avalanches,

Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,

Et promène ses yeux sur les visions blanches

Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

 

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,

Elle laisse filer une larme furtive,

Un poète pieux, ennemi du sommeil,

 

Dans le creux de sa main prende cette larme pâle,

Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,

Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

 

 

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 05:00

Oui, ce monde est bien plat; quant à l'autre, sornettes.

Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,

Et pour tuer le temps, en attendant la mort,

Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.

 

Allez, vivants, pauvres futurs squelettes.

Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord

Me plonge en une extase infinie et m'endort

Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.

 

Et j'entre au paradis, fleuri de rêves clairs

Où l'on voit se mêler en valses fantastiques

Des éléphants en rut à des choeurs de moustiques.

 

Et puis, quand je m'éveille en songeant à mes vers,

Je contemple , le coeur plein d'une douce joie,

Mon cher pouce rôti comme une cuisse d'oie.

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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 05:00

De l'arbre que je suis

Coupez les branches si vous voulez

Mais ne touchez jamais à ses racines

Laissez-moi regarder la vie

Et laissez-moi ce douloureux manteau de souvenirs

Que j'ai gardés du monde que j'aimais.

Ne me défendez pas de l'aimer.

Ne touchez pas ce que je suis.

Devant la porte

Comme cet arbre mutilé

Je suis ce mendiant de l'amour

Qu'on ne peut pas chasser.

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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 05:00

Ce qui vient du dehors n'atteint pas le vrai coeur

Le Grand oeuvre est dans l'homme et c'est là seulement

 

Que les divers métaux vers un seul élément

Unissent leur puissance en dépouillant leyr fleur.

 

Parce que l'Ordre pur a perdu sa teneur

Dont il dispensait l'âme unique à ses enfants

Le désastre grandit sous tous les firmaments.

 

Le monde se dissout sur sa propre matière

Qui ne s'est plus capter l'offre de la lumière

Dont, en ces temps derniers, quelques sages encore

 

Initiés primitifs du Feu élémentaire

Apportaient en obole à l'élymosynaire

L'or clair du plomb blanc au fond de l'athanor.

 

André Lebay.

 

Cité dans la Conjuration des Vengeurs. Laurent Ducastel. Jacques Viallebesset. Editions Dervy

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  • : L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset
  • : VIVRE POETIQUEMENT, L'AMOUR VRAI, LA JOIE D'ETRE sont les trois facettes d'une seule et même chose qui se nomme: ETRE et ne pas seulement exister. Lorsqu'on vit poétiquement, forcément, ça laisse des traces....
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