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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 06:00

Un chat andalou regardant à travers un cristal noir

Nous poursuivait toute la journée à travers Grenade

Nous errions dans l'Albaicin

Il errait

Nous gravissions les escaliers de pierre

Il faisait de même

Nous descendions

IL descendait

Nous traversions le fleuve Darro

Il traversait

Nous gravissions la pente

Vers l'Alhambra

Il en faisait de même

Nous nous poussions des ailes à partir des

arabesques d'Abi Abdallah

Il s'en procurait des ailes

Nous allions devenir des oiseaux

Il nous imitait 

Qui aurait parlé de nous à ce chat andalou? 

Et pourquoi nous suivait-il?

Quand nous fûmes rentrés pour notre première nuit

Quand nous défonçâmes notre première forêt

Et fîmes un lit de feuillage

Nous sautions-dans les ténèbres-d'une branche à l'autre

Cette peau bleue, est-ce la tienne ou la mienne?

Cette voix 

Est-ce l'écho de la chatte ou le nectat des abeilles?

 

Cette fourrure sous le nombril 

Est-ce celle d'un félin ou d'un écureuil?

Nous étions dans le premier langage de glaise

A nous défaire des lumières de nos corps

Et nous pénétrions dans les entrailles de la terre 

Nous allions nous métamorphoser en oiseaux

Quand le chat andalou ouvrit la porte

Trainant une queue aussi bleue que la nuit.

 

Vient de paraître. Que toute chose se taise. Moncef Ouhaibi. ed Bruno Doucey

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 16:20

Dans l'île avec le vent

et sa caresse aveugle

 

dans l'île ton châle rouge

et les mains nues du vent

 

et tu fermes les yeux

et tu entends le fleuve

son grondement sourd

le fleuve moiré d'argent

 

Rouge au bord du fleuve.Corinne Hoex . Ed Bruno Doucey

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 06:00

Si je dis

les corbeaux font la ronde

au-dessus du silence

Tu me dis c'est l'hiver

 

Si je dis

les rivières se font blanches

en descendant chez nous

Tu me dis le printemps

 

Si je dis

les arbres ont poussé

leurs millions de soleils

Tu me dis c'est l'été

 

Si je dis

les fontaines sont rousses

et les chemins profonds

Tu me diras l'automne

 

Mais si je dis

le bonheur est à tous

et tous sont heureux

Quelle saison diras-tu?

Quelle saison des hommes?

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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 06:00

Sur le clavier du ciel où chantent les étoiles

Lancé sur le trapèze impossible des voiles

Dans la sciure des blés habitée des perdrix

Gagnant le toit la tonte épaisse de la nuit

Tout le jour en danger mais retrouvant des ailes

Pour dépasser le monde obscur la citadelle

Est-ce mon ombre ou la lumière sous la pluie

 

Je ne sais qui je suis prisonnier de ces routes

Avec mon sang qui coule à la mer goutte à goutte

Avec ces larges plaies aussitôt pardonnées

Et mon coeur de plein vent ma grange abandonnée

 

Je vais. J'ai rendez-vous sur les plateaux sans âge

Avec de vieux béliers frappés à mon image

Enfin je vais bodir sous les cornes du feu

 

Rien ne ressemble moins à tes yeux que mes yeux

Homme étrange occupé de besognes terrestres

Qui couvre de limons la blancheur du charnier

 

Jamais tu n'oseras, usant tes propres cendres

Jeter sur le tableau les mots qui font comprendre

Que tout l'amour du monde est à imaginer.

 

 

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 06:00

A l'abri des hameaux, de la mer familière et des routes,

Je foule en votre honneur les prés. Au moment du regain,

Nous les foulions de même et nous rivalisions dans le sillage des fougères,

Portés par un désir qui naissait identique à son achèvement!

Ah!J'embrassais en vous la bonté de la mer et des branches!

J'attendais que le plein de la nuit dévoilât votre intense tiédeur.

Le vent reprend sa course. Il fascine et soulève les cendres!

Ses trophées, commençant à pourrir sous l'empire des murs,

N'ont rien de comparable à ce qui demeurait entre nos mains réunies

Tandis que, près des bois, aux confins de la terre et des eaux

Avant de s'éloigner, par un sentier mouillé, d'une funeste rive,

L'hiver me confirmait dans la possession d'un arbre abattu!

Les chênes d'autrefois sont couchés dans des tombes humides.

Ils engendrent l'horreur, ils souillent, souverains, un enclos sablonneux

Où les roses jaunies, le défi délicat, l'aventure des feuilles

Recèlent tendrement le nid d'une nudité.

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 06:00

Verlaine? Il est dressé sur l'herbe

Lyre et palme dans le dos, Verlaine,

En buste, au sommet de trois bons

Mètres de pines granitiques où se tordent

D'improbables muses affolées d'être

Prises en sa compagnie sous le regard

De promeneurs peu regardants

Aux combats du plaisir. Le hurlement

Aer d'une moto trouble soudain

Le petit chant de pluie sur les patanes

Et châtaigniers, un rayon de soleil

Tranche en clair-obscur le massif rouge

Et vert, et Verlaine renfrogné rêve encore

L'air qui ferait tout tenir ensemble.

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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 09:44

Pour écrire un seul vers

Il faut se souvenir de cent ans de sommeil

et des vies qui précédèrent, de la piqûre des roses

et de l'aïeule qui voulait voir la mer,

de l'homme au large dos couverts de ventouses

et de ses enfants effrayés par les méduses.

Des objets magiques et des formules

où s'enroulent des fleurs autour des lettres gothiques.

 

Puis abandonner à son sort

cet homme en nous qui se noie dans ses souvenirs,

pour renouer avec la magie sans accessoires

et la jonglerie sans rien, mais avec des gestes

suspendus en l'air et la réalité 

qui se retourne comme un gant .

 

Avec les êtres et les choses

attirant les mots comme des aimants.

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 08:55

Quand on marche le soir à la lisière du temps

il monte soudain une bouffée d'enfance

les cris d'hirondelles folles d'un préau d'école

ou le silence de la barque sur la rivière

à la tombée du jour quand le soleil rase l'eau qui moucheronne

ou bien la sonnette (deux fois) de l'épicerie-mercerie

où on achète après l'école les rouleaux de réglisse zan

qui barbouillent de noir et font les doigts collants

 

On tend l'oreille le long du voile de la brume

Quelqu'un parle à voix basse

sans qu'on puisse reconnaître la voix

et sans comprendre les paroles

les mots chuchotés loin, à l'envers du silence.

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 06:27

Si mince l'anfractuosité d'où sortait la voix,

si exténuant l'édifice entrevu,

si brûlants sont les monstres, terrible l'harmonie,

si lointain le parcours, si aigue la blessure

et si gardée la nuit.Il faudrait qu'elles fussent justes et ambiguës,

rencontrées, évidentes, reconnues,

sorties du ventre, retenues, sorties,

serrées comme des grains dans la bouche d'un rat,

serrées, ordonnées comme les grains dans lépi,

secrètes comme est l'ordre

que font luire ensemble les arbres du paradis,

les paroles du poème.

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20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 10:56

Vers une pureté

impossible et secrète,

J'ai beau chercher ma route

Dans un désert d'orgueil.

 

La terre me retient 

Par ses boues, par ses lampes,

Par ses femmes trop lourdes,

Et fracasse mon vol.

 

Quand je m'élance en vain

Sur ces routes sans ombre,

La fraîcheur d'une voix,

L'humide d'un regard,

 

M'enlèvent tout espoir.

Je redeviens les autres

Tout parqués dans le soir,

Soliloque bétail...

 

Ah! seins et lèvres moites,

Vous ne saurez jamais

Ce que vous m'avez fait,

Pièges de douceur.

 

A dos d'oiseau. Collection Blanche. 

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  • : L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset
  • : VIVRE POETIQUEMENT, L'AMOUR VRAI, LA JOIE D'ETRE sont les trois facettes d'une seule et même chose qui se nomme: ETRE et ne pas seulement exister. Lorsqu'on vit poétiquement, forcément, ça laisse des traces....
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