Un chat andalou regardant à travers un cristal noir
Nous poursuivait toute la journée à travers Grenade
Nous errions dans l'Albaicin
Il errait
Nous gravissions les escaliers de pierre
Il faisait de même
Nous descendions
IL descendait
Nous traversions le fleuve Darro
Il traversait
Nous gravissions la pente
Vers l'Alhambra
Il en faisait de même
Nous nous poussions des ailes à partir des
arabesques d'Abi Abdallah
Il s'en procurait des ailes
Nous allions devenir des oiseaux
Il nous imitait
Qui aurait parlé de nous à ce chat andalou?
Et pourquoi nous suivait-il?
Quand nous fûmes rentrés pour notre première nuit
Quand nous défonçâmes notre première forêt
Et fîmes un lit de feuillage
Nous sautions-dans les ténèbres-d'une branche à l'autre
Cette peau bleue, est-ce la tienne ou la mienne?
Cette voix
Est-ce l'écho de la chatte ou le nectat des abeilles?
Cette fourrure sous le nombril
Est-ce celle d'un félin ou d'un écureuil?
Nous étions dans le premier langage de glaise
A nous défaire des lumières de nos corps
Et nous pénétrions dans les entrailles de la terre
Nous allions nous métamorphoser en oiseaux
Quand le chat andalou ouvrit la porte
Trainant une queue aussi bleue que la nuit.
Vient de paraître. Que toute chose se taise. Moncef Ouhaibi. ed Bruno Doucey