Voleur, mais dira-t-on voleur quand il s'agit
D'un homme abandonné sous la lampe qui crie
Je ne porte sur moi que les forêts d'automne
Mettez-moi nu si vous voulez mais que personne
Ne cherche à soupesr ce coeur qui n'en peut plus
Si je tiens dans mes bras des oiseaux de passage
C'est qu'il a bien fallu réchauffer ce visage
Et ce corps tout entier que le gel a mordu
Voleur de grands chemins! si l'on vole l'écume
Des soirs, si la première étoile qui s'allume
Est promise à des yeux qui ne sont pas les miens
J'ai toujours cru que la lumière était mon bien
Que je pouvais puiser dans le vent ma colère
Et m'allonger près de mon ombre sur la terre
Comme un berger s'endort à coté de son chien
Certes j'ai possédé le ciel plus que les femmes
J'ai fait du grelot noir des nuits une belle âme
Qui tinte; est-ce voler que de prendre en ses amis
Des fleurs et de crier: ceci est le levain
De toute vie; est-ce voler que de confondre
Amour avec amour; est-ce voler encor
Que de coucher son nom sur le livre du port
Lorsque le voyageur ne partira jamais?
Voler! Mais si j'avais des ailes que serait-ce?