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19 juillet 2015 7 19 /07 /juillet /2015 08:36

Mon maître est le peseur de mots,

Il me dit: rien ne vaut la page blanche.

L'encre salit le papyrus.

 

Maître, c'est vrai.

Je sais que mes rouleaux seront poussière,

que mes écrits s'effaceront .

Pourtant mon rôle est de nommer les choses,

qu'elles durent un jour ou dix mille ans.

Je nomme, donc je suis.

Les nommant, je me dis que rien n'existe

mais je crois exister.

 

Mon maître est le vanneur de vent

Il garde les mains vides, il secoue

la poussière de ses souliers.

Jamais il ne s'arrête, en aucun lieu

ne s'établit.

Heureux les pauvres en esprit, dit-il, et:

tiens-toi prêt.

 

Seigneur, je l'ai toujours été.

Moi qui reste attaché

à tout, comme la chèvre à son lopin de terre,

tu sais que, pourtant, je suis prêt.

Je te suivrai quand s'ouvrira la porte.

 

Je viens d'avant le souffle du commencement.

Je n'aurai pas de fin.

Je, c'est-à-dire

le principe qui m'anime

et qui poursuivra

le voyage en me quittant.

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18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 09:46

O VOUS TOUS, LES BANNIS du

monde!

Notre langue est mêlée de sources et d'étoiles

Comme la vôtre.

Vos lettres sont notre chair.

Nous les ligrants vers les hauteurs

Nous vous reconnaissons-

Ô vous les bannis du monde!

Aujourd'hui l'humaine bîche fut pendue à nos branches

Hier dans la clairière le chevreuil laissa

l'éclat des roses à l'entour de notre souche

L'ultime peur de vos pas s'éteint dans notre paix

Nous sommes la grande aiguille des ombres

Que fait tourner le chant des oiseaux-

Ô vous tous les bannis du monde!

Nous pointons vers un secret

Qui commence avec la nuit

 

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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 08:01

Homme qui que tu sois

Tu n'emporteras rien

Avec toi

 

Tel un fleuve devenu craintif

La vie s'en va vers son destin

La nuit est peuplée de bougies

Le vent n'est plus qu'un clandestin

 

Le soleil ne sait pas

Le soleil ne sait pas

Que la nuit

Que la nuit

Va répondre

Va répondre...

 

Mais les peintres

Les musiciens

Les poètes

Ont des réponses de soleil

 

Soudain libéré, je m'élevais

Je m'élevais hors du vivant et du réel

Dansles étangs martyrisés du ciel

L'ascension tourbillonnante

Parmi les damnés de la vie

Dare dare vers les étoiles...

 

Je montais montais montais

Sous moi la terre chavirait

Enlisée dans sa solitude

 

Je revivais l'absolu des imperfections

Qui nous conduit à n'être plus que des esclaves

 

Mais mon visage de chair était encore vivant!

Je n'étais plus rien que moi-même

Face à cette vérité qui me torture:

 

Je souffre en ma santé des maladies humaines

Du refus d'un miracle sous le toit de mes mains

De n'être en ce bourbier que peine entre les peines

 

Que ne puis-je renaître à l'aube

Tel un soleil qui se souvient

De s'être enfoncé dans la nuit.

 

 

 

 

 

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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 07:58

Arbres vous m'habillez bien mieux que les cotons

O sang de mon amour j'ai les riches étoffes

Le soleil les coteaux de la mer sur mon front

Et je m'en vais dans le ciel clair car je suis sauf

 

Il ne me reste rien des vanités terrestres

Pas même un livre ouvert un verre à moitié plein

Dans la chambre du fond le portrait de mon père

Ces vitres où l'oiseau venait offrir naguère

En tentation son aile et son pouvoir marin

 

Je suis dans le printemps comme au premier automne

Espérant les blondeurs venimeuses du blé

N'accordant d'attention qu'aux guêpes qui bourdonnent

Doucement dans mon coeur à ces pas dans l'allée

Toujours en marche vers l'Admirable personne

 

 Les glaises sont à moi j'ai aussi les bergers

Pour les conversations nocturnes sous la lampe

Je vogue sur les toits La rame des vergers

Me soulève déjà bien au-dessus des rampes

Théatrales du monde orgueilleux naufragé 

 

Et je partage avec le vent la graine folle

La bonne soupe avec les chiens Avec l'enfant

Le calme bercement végétal d'une épaule

Tout ce qui fait la joie de vivre et son tourment

Par-delà l'étendue nacrée de la parole

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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 07:43
Les découvreurs. Louis Brauquier

Ceux qui marchent depuis la naissance du monde,

Les fous, les découvreurs,

Ils n'enverront point vers nous une colombe

Pour rassurer nos coeurs!

 

Tous ceux qui sont partis avec des caravanes

Ceux qui sont partis seuls

Et se sont enfoncés dans l'Afrique des sables

Comme dans un linceul;

 

Ceux qui ont remonté le long du fleuve jaune

L'asiatique orgueil,

Et pourrissent au creux des forêts millénaires

Comme dans un cercueil;

 

Ceux dont la neige et la vie lente des banquises

Ont effacé les pas,

Et qui roulent raidis dans la mer antarticque

Sous les pôles du froid;

 

Tous les navigateurs, les conquérants, les mages

Qui voulurent savoir,

Tous ceux qui ont trouvé des terres au passage

Qu'ils furent seuls à voir;

 

Ceux dont l'inquiétude élevait les voilures

Vers les mers inconnues,

Qui sont partis du port, qui cherchaient , qui vécurent,

Les reverrons-nous plus!

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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 07:38

Je n'ai pas de frères de race,

J'ai des frères de condition,

des frères de fortune et d'infortune,

de même fragilité, de même trouble

et pareillement promis à la poussière

et pareillement entêtés à servir

si possible à quelque chose

à quelqu'un , même d'inconnu,

à quelque frère de même portée,

de même siècle, ou d'avenir...

 

Je n'ai pas de frères de race,

ni de religion, ni de communauté,

pas de frère de couleur,

pas de frère de guerre ou de combat,

je n'ai que des frères de Terre  

secoués par la galère

des espoirs et désespoirs

des mortels embarqués, 

des frères de rêves partagés

et de peurs trop communes. 

 

Je n'ai pas de frères de race, 

j'ai des frères de condition, 

bien différents et très semblables,

d'ailleurs terriblement interchangeables

dans l'égoïsme

ou dans la compassion...

Des frères tout pétris de l'envie

de partager leur solitude avec le pain

et parfois le bonheur insigne

d'apprendre ensemble à dire non ...

 

Je n'ai pas de frères de race,

mais des frères dans le refus

de n'être qu'un passant 

des frères par l'art et le chant,

et l'énergie déployée chaque jour

à tenir tête au néant .

Des frères à travers les âges

la géographie et les frontières -

et qui sait même, au-delà de l'espèce,

peut-être un frère en tout vivant .

 

Michel Baglin . Un présent qui s'absente. Editions Bruno Doucey

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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 07:29

Et vous conquistadors navigateurs anciens

Hollandais téméraires et corsaires malouins

Cherchant des Amériques vous ne cherchâtes rien

Que l'aventure de la Toison d'or

Et vous les philosophes vous sages d'Orient

Alchimistes pointus et sorciers d'à présent

En cherchant la sagesse vous n'avez rien cherché

Que les secrets de la Toison d'or

Et vous les empereurs roitelets ou serins

Vous les vrais Charlemagne vous les faux Charles Quint

En cherchant la puissance vous ne cherchâtes rien

Que les reflets de la Toison d'or

Et vous preux chevaliers assoifés de grandeur

Vous chasseurs de Saint-Graal d'oriflammes d'horreur

Cherchant la victoire vous ne cherchâtes rien

Que lepanache de la Toison d'or

Et vous  tous les poètes  les rêveurs mal debout

Discoureurs de l'amour pour des cieux andalous

En écoutant vos muses n'avez rien chanté d'autre

Que le vieux rêve de la Toison d'or

Et vous gens d'aujourd'hui de demain

Vous balayeurs d'idôles de dieux de malins

Cherchant la vérité vous ne recherchez rien

Que la clarté de la Toison d'or .

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 08:00
Fraternité.Walt Whitman

Mon esprit au tien s'unit, cher frère,

Ne t'inquiète pas de ce que beaucoup qui font résonner ton nom ne te comprennent pas,

Je ne fais pas résonner ton nom, mais je te comprends,

Je te désigne avec joie,ô mon camarade, pour te saluer et saluer ceux qui sont avec toi,

Avant et depuis, et aussi ceux qui viendront,

Afin que tous nous travaillions ensemble, transmettant la même charge et le même héritage,

Nous, petit nombre des égaux, indifférents aux pays, indifférents aux temps,

Nous, qui embrassons tous continents, toutes castes, admettons toutes théologies,

Nous, compatissants, discerneurs, commune mesure des hommes,

Nous allons en silence parmi disputes et affirmations, mais

Ne rejetons ni les disputeurs ni rien de ce qu'on affirme,

Nous entendons les braillements et le vacarme,

De toutes parts divisions, jalousies, récriminations nous arrivent,

On forme autour de nous un cercle péremptoire pour nous enfermer, mon camarade,

Pourtant, nous allons, inarrêtés, librement par toute la terre,

Voyageant en tous sens jusqu'à ce que nous imprimions notre marque ineffaçable

Sur le temps et les âges divers,

Jusqu'à ce que nous saturions temps et âges, afin que les hommes et les femmes

Des races, des siècles à venir, s'attestent frères et amis, comme nous sommes.

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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 06:51

Que sont mes amis devenus

Que j'avais de si près tenus

Et tant aimés

Ils ont été trop clairsemés

Je crois le vent les a otés

L'amour est morte

Ce sont amis que vent emporte

Et il ventait devant ma porte

Les emporta

 

Avec le temps qu'arbre défeuille

Quand il ne reste en branche feuille

Qui n'aille à terre

Avec pauvreté qui m'atterre

Qui de partout me fait la guerre

Au temps d'hiver

Ne convient pas que vous raconte

Comment je me suis mis à honte

De quelle manière

 

Pauvre sens et pauvre mémoire

M'a Dieu donné le roi de gloire

Et pauvre rente

Et droit au cul quand bise vente

Le vent me vient le vent m'vente

L'amour est morte

Ce sont amis que vent emporte

Et il ventait devant ma porte

Les emporta

L'espérance de lendemain

Ce sont mes fêtes.

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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 06:50

C'est beau d'avoir élu

Domicile vivant

Et de loger le temps

Dans un coeur continu,

Et d'avoir vu ses mains

Se poser sur le monde

Comme sur une pomme

 

Dans un petit jardin,

D'avoir aimé la terre,

La lune et le soleil,

Comme des familiers

Qui n'ont pas leurs pareils,

Et d'avoir confié

Le monde à sa mémoire

Comme un clair cavalier

A sa monture noire,

D'avoir donné visage

A ces mots: femme, enfants,

Et servi de rivage

A d'errants continents,

Et d'avoir atteint l'âme

A petits coups de rame

Pour ne pas l'effaroucher

D'une brusque approchée

C'est beau d'avoir connu

L'ombre sous le feuillage

Et d'avoir sent l'âge

Ramper sur le corps nu,

Accompagné la peine

Du sang noir dans nos veines

Et doré son silence

De l'étoile Patience,

Et d'avoir tous ces mots

Qui bougent dans la tête,

De choisir les moins beaux

Pour leur faire un peu fête,

D'avoir senti la vie

Hâtive et mal aimée,

De l'avoir enfermée

Dans cette poésie.







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Présentation

  • : L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset
  • : VIVRE POETIQUEMENT, L'AMOUR VRAI, LA JOIE D'ETRE sont les trois facettes d'une seule et même chose qui se nomme: ETRE et ne pas seulement exister. Lorsqu'on vit poétiquement, forcément, ça laisse des traces....
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L'atelier des Poètes

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