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28 janvier 2021 4 28 /01 /janvier /2021 08:22
J'arrive où je suis étranger.Aragon

J'arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière

D'où viens-tu mais où vas-tu donc

Demain qu'importe et qu'importe hier

Le coeur change avec le chardon

Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur la tempe

Touche l'enfance de tes yeux

Mieux vaut laisser basses les lampes

La nuit plus longtemps nous va mieux

C'est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne

Mais l'enfant qu'est-il devenu

Je me regarde et je m'étonne

De ce voyageur inconnu

De son visage de ses pieds nus

Peu à peu tu te fais silence

Mais pas assez vite pourtant

Pour ne sentir ta dissemblance

Et sur le toi-même d'antan

Tomber la poussière du temps

C'est long vieillir au bout du compte

Le sable en fuit entre nos doigts

C'est comme une eau froide qui monte

C'est une honte qui croit

Un cuir à crier qu'on corroie

C'est long d'être un homme une chose

C'est long de renoncer à tout

Et sens-tu les métamorphoses

Qui se font au-dedans de nous

Lentement plier les genoux

ô mer amère ô mer profonde

Quelle est l'heure de tes marées

Combien faut-il d'années-secondes

A l'homme pour l'homme abjurer

Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n'est précaire comme vivre

Rien comme être n'est passager

C'est un peu fondre comme le givre

J'arrive où je suis étranger

 

Louis Aragon

 

 

 

 

 

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23 janvier 2021 6 23 /01 /janvier /2021 15:30
Une fenêtre ouverte . Paul Eluard

La nuit n'est jamais complète 

Il y a toujours puisque je le dis 

Puisque je l'affirme 

Au bout du chagrin une fenêtre ouverte 

Une fenêtre éclairée

Il y a toujours un rêve qui veille 

Désir à combler faim à satisfaire 

Un coeur généreux 

Une main tendue une main ouverte 

Des yeux attentifs 

Une vie la vie à se partager . 

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14 décembre 2020 1 14 /12 /décembre /2020 12:42
Une étoile d'hiver . Emmanuelle Soni-Dessaigne

Vivons 

Puisque nos rêves sont de sable 

Nos coeurs de cendre 

Nos bouches de feu 

Nos yeux d'étoiles 

 

Il y a encore 

Des cieux

Dans les yeux des des enfants 

Mon coeur qui s'ouvre à ton prénom

De feu

Pour nourrir la bataille 

Nos mains 

Qui aiment à se rejoindre 

 

S'il n'y plus de forêts

Il y a encore des arbres 

( J'ai senti un brasier

Dans nos coeurs indomptables) 

 

Poème inédit

Tous droits réservés . 

 

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1 décembre 2020 2 01 /12 /décembre /2020 08:49
La cinquième saison - René-Guy Cadou

S'il faut nommer le ciel je commence par toi 

Je reconnais tes mains à la forme du toit 

 

L'été je dors dans la grange de tes épaules 

Les hirondelles de ta poitrine me frôlent 

 

Dressées contre ma joue les tiges de ton sang 

Le rideau de ta chevelure qui descend 

 

Je te cache pour moi dans la ruche des flammes

Reine du feu parmi les frelons noirs des âmes 

 

Par l'automne épargné tes yeux sont toujours verts 

Les fleuves continuent de passer au travers

 

Ton souffle achève au loin le clapotis des plaines 

On ne sait plus si c'est le soir ou ton haleine 

 

En hiver tu secous la neige de ton front 

Tu es la tache lumineuse du plafond 

 

Et je ferme au-delà des mers le paysage 

Avec les hautes falaises de ton visage 

 

L'étrave du printemps glisse entre tes genoux 

Lentement le soleil s'est approché de nous. 

 

Tu traverses la nuit plus douce que la lampe

Tes doigts frêles battant les vitres de ma tempe

 

Je partage avec toi la cinquième saison 

La fleur la branche et l'aile au bord de la maison 

 

Les grands espaces bleus qui cernent ma jeunesse

Sur le mur le dernier reflet d'une caresse. 

 

 

 

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23 novembre 2020 1 23 /11 /novembre /2020 08:45
Les poètes . Aragon

Je ne sais ce qui me possède 

Et me pousse à dire à voix haute 

Ni pour la pitié ni pour l'aide

Ni comme on avouerait ses fautes 

Ce qui m'habite et qui m'obsède 

 

Celui qui chante se torture 

Quels cris en moi quel animal

Je tue ou quelle créature 

Au nom du bien au nom du mal 

Seuls le savent ceux qui se rurent

 

Machado dort à Collioure 

Trois pas suffirent hors d'Espagne

Que le ciel pour lui se fit lourd 

Il s'assit dans cette campagne 

Et ferma les yeux pur toujours

 

Au dessus des eaux et des plaines 

Au dessus des toits des collines 

Un plain chant monte à gorge pleine

Est-ce vers l'étoile Holderlin 

Est-ce vers l'étoile Verlaine 

 

Marlowe il te faut la taverne 

Non pour faust mais pour y mourir 

Entre les tueurs qui te cernent 

De leurs poignards et de leurs rires 

A la lueur d'une lanterne 

 

Etoiles poussière de flammes

En Aout qui tombez sur le sol

Tout le ciel cette nuit proclame 

L'hécatombe des rossignols 

Mais que sait l'univers du drame 

 

La souffrance enfante les songes 

Comme une ruche ses abeilles 

L'homme crie où son fer ronge 

Et sa plaie engendre un soleil 

Plus beaux que les anciens mensonges 

 

Je ne sais ce qui m'obsède 

Et me pousse à dire à voix haute 

Ni pour la pitié ni pour l'aide 

Ni comme on avouerait ses fautes 

Ce qui m'habite et qui m'obsède .

 

 

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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 10:11
Les poètes assassinés. Henri Gougaud

Entre les dents des jours une rose scintille 

dans Prague aux doigts de pluie Nezval disait cela 

c'était en mil neuf centre trente-six en ce temps-là

Nazum Hikmet l'homme d'Orient cheveux jonquille 

à Istamboul entrait pour trente ans en prison

Lorca perdait son sang cornes de lune au front 

et Desnos deuil pour deuil comme un taureau très doux 

veillait au Pont-au-change et pressentait les loups 

 

Entre les dents des jours une rose scintille 

dans Prague aux doigts de pluie Nezval disait cela 

 

Et Miguel Hernandez au bagne d'Alicante 

baisait les souliers vides et les morts sur les yeux

nous n"appartenons pas à un peuple de boeufs 

disait-il il chantait des splendeurs innocentes 

il chantait pour son fils mort de faim à dix mois 

et sur le sang rouillé vent du peuple sa voix 

fut la rose aux cent feuilles à la cime des monts 

qui t'appelait avec orgueil Révolution 

 

Entre les dents des jours une rose scintille 

dans Prague aux doigts de pluie Nezval disait cela 

 

Un jour quand sera sec et stérile le ventre 

énorme des fascismes un autre temps viendra 

et reviendront les morts qui ne pourrissent pas 

ils descendront du train ils secoueront la cendre 

de leurs vieux vêtements démodés un matin 

ils pleureront de joie dans des gerbes de mains 

parmi les travailleurs à l'aube juste éclose 

avec dans leur poing bleu le soleil vertical 

 

Entre les dents des jours scintillera la rose 

dans Prague aux doigts de pluie où chantera Neval . 

 

Extrait de Souvenirs invivables 

Editions Ipomée 

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11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 09:23
Tableau de Claude Legrand

Tableau de Claude Legrand

Ô vieilles pluies souvenez-vous d'Augustin Meaulnes

Qui pénétrait en coup de vent

Et comme un prince dans l'école

A la limite des féeries et des marais.

En un pays mené de biais par les averses

Et meutri dans son coeur par le fouet des rouliers

Le lit défait du garde-chasse

Les chemins creux du monde entier

C'est là que je t'attends c'est là qe je te veille

Printemps comme un chanteur des rues printemps pareil

A la petite lumière d'un vélo sur la route

Voici que le plus simple d'entre nous s'émerveille

D'avoir entre les mains un bouquet de jonquilles

Et l'oiseau qui dormait encore se souvient

D'une fenêtre au bout du monde

Peut-être que là-bas dans les terres perdues

Une jeune fille de famille toute nue

Se dresse à la croisée ouverte et se regarde

Dans un morceau de lune triste comme un parc

 

Peut-être bien que c'est ainsi dans les romans

Une grosse cloche avec le printemps dedans

Mon amour tu es là comme une herbe qui penche

Sa longue écriture douce sur la page

Et je lis dans tes yeux et tu peux bien baisser

Ta paupière comme du genêt mouillé

J'épelle comme un enfant qui dort

La chaude et mesurée syllabe de ton corps.

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25 septembre 2020 5 25 /09 /septembre /2020 08:06
Regarde-Moi . Emmanuelle Soni-Dessaigne

Regarde-moi 

Je suis légère à nouveau 

Vois l'océan, la lumière, 

Combien ce paysage est beau

Combien le Ciel et la Terre,

Est immense 

Et que la vie en nous, fleurit, et recommence.

 

Nos ombres 

Ont respiré ensemble

Et dans ton âme je suis sans mesure

Tu es, quand ta présence redevient l'océan

Et que je soumets tes blessures

 

J'aimerais t'entendre 

Me parler 

Du souffle de la vie 

( Ce que j'ai d'immortel, ce que j'ai d'infini) 

Et réapprendre 

A tes côtés 

La partition du vent. 

( Mais je me brûle en te nommant).

 

Poème inédit.

Tous droits réservés 

Retrouvez ses poèmes sur son site 

www.emmanuellesonidessaigne.com 

 

 

 

 

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24 septembre 2020 4 24 /09 /septembre /2020 07:46
Presque un miracle . Emmanuelle Soni-Dessaigne

Mon printemps est dans son bourgeon 

Mon hiver dort dans son flocon 

Ma terre espère dans son frisson-

Ne suis-je qu'une feuille qui tremble au vent?

Une âme qui marche en soupirant?

Ne suis-je qu'un vaisseau qui souffre,

Qui regarde le ciel: l'étoile est dans le gouffre.

 

Demande au temps une autre époque

Où nous vivrons l'un contre l'autre 

Dis-moi, où pourrions-nous aller

Pour être un peu moins triste? 

Pour voir la vie passer

Sous nos coeurs attentifs? 

Où pourrais-je reposer 

Lorsque ma vie s'épuise? 

 

Car je veux l'épuiser

Sans pouvoir en mourir-

De mon coeur attristé, 

Préserve le souvenir. 

 

Poème inédit 

Tous droits réservés.

www.emmanuellesonidessaigne.com 

 

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23 septembre 2020 3 23 /09 /septembre /2020 07:54
Le cheval blanc et noir. Lanza del Vasto

Les jours défunts et leur feuille de ciel 

Dans la forêt de l'éternel luisent encor.

J'entends courir dans la forêt de l'éternel 

Le cheval blanc et noir des vivants et des morts . 

 

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Présentation

  • : L'atelier des Poètes - par Jacques Viallebesset
  • : VIVRE POETIQUEMENT, L'AMOUR VRAI, LA JOIE D'ETRE sont les trois facettes d'une seule et même chose qui se nomme: ETRE et ne pas seulement exister. Lorsqu'on vit poétiquement, forcément, ça laisse des traces....
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