Jaillie avec tes mains blessées tes mains coupables
Au bord de la prairie où j’ai dressé ma table…
Plus meurtrie chaque jour par les buffles du temps
Pourquoi fais-tu tinter les grelots de mon sang
Tu es déjà marquée aux dents de ma jeunesse
Je savais la douleur bien avant que tu naisses
Bien avant d’avoir pris le soleil à deux mains
Bien avant les rosées premières du chagrin
Difficile mémoire ô porche des merveilles
Entends les trains de nuit rouler dans mon oreille
Les villes s’écrouler lentement sous mon front
Tandis que les enfants de mon âge s’en vont
Je veux que sur tes joues scintillent les avoines
Que ton cœur aux sillons de blé ouvre ses vannes
Qu’un bouquet de clarté enfin te soit offert
Entre le sol qui tremble et le plafond de fer
Apprends donc à chanter à dresser sur tes lèvres
Les merles les oiseaux délicats de la fièvre
Apprivoise et reprends le monde à son matin
La terre est pleine de saveurs fais-en ton pain
Charme les durs serpents , les arbres, les fontaines
Charme les fleurs et les rameaux charme ta peine
Que ton corps tout entier soit le doux sifflement
De l’eau qui a trouvé son ciel, son élément…