La vie est trop courte pour être petite.
La vie est trop courte pour être petite.
Jaillie avec tes mains blessées tes mains coupables
Au bord de la prairie où j’ai dressé ma table…
Plus meurtrie chaque jour par les buffles du temps
Pourquoi fais-tu tinter les grelots de mon sang
Tu es déjà marquée aux dents de ma jeunesse
Je savais la douleur bien avant que tu naisses
Bien avant d’avoir pris le soleil à deux mains
Bien avant les rosées premières du chagrin
Difficile mémoire ô porche des merveilles
Entends les trains de nuit rouler dans mon oreille
Les villes s’écrouler lentement sous mon front
Tandis que les enfants de mon âge s’en vont
Je veux que sur tes joues scintillent les avoines
Que ton cœur aux sillons de blé ouvre ses vannes
Qu’un bouquet de clarté enfin te soit offert
Entre le sol qui tremble et le plafond de fer
Apprends donc à chanter à dresser sur tes lèvres
Les merles les oiseaux délicats de la fièvre
Apprivoise et reprends le monde à son matin
La terre est pleine de saveurs fais-en ton pain
Charme les durs serpents , les arbres, les fontaines
Charme les fleurs et les rameaux charme ta peine
Que ton corps tout entier soit le doux sifflement
De l’eau qui a trouvé son ciel, son élément…
Le poète connait les mots qui savent de nous ce que nous ignorons d'eux.
A partir du moment où tu supprimes en l'homme la poésie, l'imaginaire, il n'est plus que de la barbaque.
Le bonheur c'est la liberté et la liberté c'est le courage.
Très haut amour, s'il se peut que je meure
Sans avoir su d'où je vous possédais,
En qui le soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,
Très haut amour qui passez la mémoire,
Feu sans foyer dont j'ai fait mon jour
En quel destin vous traviez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
Ô mon séjour...
Quand je serai pour moi-même perdue
Et divisée à l'abîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi,
Par l'univers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusqu'au néant vannée
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor
Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Coeur de l'esprit, ô centre du mirage
Très haut amour
J'ai la beauté facile et c'est heureux
Je glisse sur le toit des vents
Je glisse sur le toit des mers
Je suis devenue sentimentale
Je ne connais plus le conducteur
Je ne bouge plus soie sur les glaces
Je suis malade fleurs et cailloux
J'aime le plus chinois aux nues
J'aime la plus nue aux écarts d'oiseau
Je suis vieille mais ici je suis belle
Et l'ombre qui descend des fenêtres profondes
Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux
De même que la valeur de la vie n'est pas en surface mais dans ses profondeurs, les choses vraies ne sont pas dans leur écorce mais dans leur noyau et les hommes ne sont pas dans leur visage mais dans leur coeur.
Vivre c'est ne pas se résigner.
Nos projets furent des retraites de Russie
dont chacun s'est tiré comme il a pu:
nos pères laissèrent leurs meubles au grenier
pour étonner nos fils de leur naufrage.
Les moissonneurs dont luisaient sur l'épaule
les lames de faux usées par l'affûtage
revinrent en sueur au crépuscule
coucher leur os sur le même sol que l'orge.
Le corps à corps des saisons dans le ciel
n'accorde pas de répit à nos races:
les anciens viennent des hameaux
fleurir des tombes où ils s'ajouteront.
Moi je n'apporte pour roses dans l'abîme
ces jours de terre où je fus invité:
si je m'y suis rayé de sang les mains
c'est de peur d'être pris pour un poète.