Le désespoir de la recherche de la justice est tonique.
Le désespoir de la recherche de la justice est tonique.
Etre oiseau de sagesse sur l'épaule de Minerve loin des pigeons.
Si tu me dis que tu cherches la vérité, je te suis ,
si tu me dis que tu as trouvé la vérité, je te fuis
La mort viendra et elle aura tes yeux
Cette mort qui est notre compagne
Du matin jusqu'au soir, sans sommeil
Sourde, comme un vieux remords
Ou un vice absurde. Tes yeux
Seront une vaine parole
Un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
Quand sur toi seule tu te penches
Au miroir. Ô chère espérance,
Ce jour-là nous saurons nous aussi
Que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux
Ce sera comme cesser un vice,
Comme voir resurgir
Au miroir un visage défait
Comme écouter des lèvres closes
Nous descendrons dans le gouffre muet.
Je sais que tu sais que je sais
Tu sais que je sais que tu sais
Eclairer la profondeur du coeur, voilà la mission de l'artiste.
La couleur bleue a été remarquablement "vue" par Goethe dans son " traité des couleurs" : " Cette couleur fait à l'oeil une impression étrange et presque informulable. En tant que couleur, elle est une énergie; dans sa pureté la plus grande, elle est en quelque sorte un néant attirant" écrit l'auteur qui remarque qu 'une "surface bleue semble reculer devant nous". Plutôt que " néant" , il faudrait traduire " vide" , au sens où le vide est attirance de toutes potentialités. Le bleu du ciel , transparence diurne devant le noir du vide interstellaire, attire le regard vers sa profondeur comme l'océan invite au départ vers l'autre coté de l'horizon. " Entrer dans le bleu, écrit Pierre Grison, c'est un peu comme "alice au pays des merveilles": passer de l'autre coté du miroir. Couleur de l'inacessible fond du ciel des beaux jours, de la lointaine planète Jupiter dont l'éclat dominant perce la nuit, couleur de la lumière de la lune, couleur de l'air et de l'eau, qui circule sans cesse autour de notre globe et la pénètre , faisant d'elle " l'orange bleue" d'Eluard, couleur de l'horizon fuyant et du vent, le bleu est un vecteur universel et primordial sur les chemins vers l'infini de l'espace et du temps...
La parole est à moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute
Si aujourd'hui encore il me plait de toujours partir au hasard, au portulan des nuits imprévisibles, si autrefois, en tant de siècles et en tant de pays le voyage a passé pour l'épreuve obligée de toute connaissance, c'est parce qu'il a pour but non pas de vous charger , de vous lester d'apprentissage mais de vous décharger, de vous alléger, de vous délivrer de vous-même.
A présent, je voyage pour désapprendre. me déprendre de moi. Non plus être gravide mais me remplir de vide. Idiot, qui tant d'années a cru te mieux connaître en rencontrant les étrangers alors que le seul but avouable du voyage est de devenir étranger de soi-même.
-D'où viens-tu?
- Je viens de nulle part et ne vais nulle part.
Admirable réponse. Je n'en vois aucune autre à faire lors de tout vrai voyage. Mais qui l'acceptera en un monde où tout est fiché, enregistré, où nos désirs sont cadastrés? Qui la prendra en compte entre les douanes, les frontières, les gares, les ports et les aéroports?
Pourtant elle est la seule parole possible du véritable errant. Parole d'homme allégé, c'est-à-dire sans autre allégeance qu'à lui-même . Parole d'homme dénudé, c'est-à-dire qui a rejeté la parure des apparences pour revêtir la nudité de l'identité véritable. Pour l'errant, pour l'homme de nulle part, le pélerin de nulle route, le voyageur de nul voyage et le passant de nul chemin, toute la terre est familière et rien de ce qui lui est étranger ne peut lui paraître étrange.
Un homme simple qui n'a que la vérité à dire est regardé comme le pertubateur du plaisir public.
On le fuit , parce qu'il ne plait point;
on fuit la vérité qu'il annonce parce qu'elle est amère;
on fuit sa sincérité dont il fait profession parce qu'elle ne porte que des fruits sauvages;
on la redoute parce qu'elle humilie, parce qu'elle révolte l'orgueil, qui est la plus chère des passions, parce qu'elle est un peintre fidèle, qui nous fait voir aussi difformes que nous le sommes.