Rien. Ni lire, ni écrire, ni réfléchir.
Rien d’autre que vivre l’amour, le vrai.
Ne prendre que l’espace d’aimer sa compagne de vie,
Les nuages, les parfums, les saveurs, la mer
Mettre l’un dans l’autre nos pas dans le sable,
Traces de vie à jamais absorbées,
Ne prendre que le temps d’aider à s’envoler brinquebalant
L’hirondelle qui vient se cogner à ma vitre.
Aimer l’amour dont le miel guérit toutes les blessures.
La vie comme une caresse d’une main dans la mienne
Cela aurait été la belle vie …la joie, la sienne et la mienne.
Et me voilà, cheminant vers le néant, boitant à jamais,
Les miettes brisées de mon cœur dans une besace
Pleine d’espérances inutiles et de désirs bafoués,
Condamné à faire halte dans de misérables étapes
Où je m’enivre à boire l’amer breuvage des amours bannis.
Rien. Ni rêves, ni espoir, ni rires, non plus d’élan.
« Vivre seul et libre comme un arbre et fraternellement
Comme une forêt » disait Nazim Hikmet avant qu’on ne l’abatte.
Ô vous, mes frères et sœurs humains, seulement cela
Serait –il encore possible alors que mon arbre git par terre ?
Il n’y a plus, maintenant, sur terre, d’endroit ou reposer ma tête.