Dans quelques jours," l’écorce des cœurs "va, ici, dans cet espace-temps du blog, s’achever et se métamorphoser pour devenir le livre d’artiste de Jérome Toret, une exposition, le recueil édité par « le nouvel athanor ». Puisque, « si le grain ne meurt » et que l’hiver est là, c’est le temps de la germination pour qu’au printemps 2011, le noyau du cœur donne les fleurs et les fruits annoncés. D’aucuns prétendent même qu’une compagnie théâtrale est en train de s’emparer de ces textes pour lancer dans le vent du « printemps des poètes » ces mots qu’accompagnera l’odeur suave des lilas…
Rendez-vous donc à toutes celles et ceux qui m’ont accompagné dans cette aventure au printemps 2011.
Vous avez été des centaines d’amis inconnus à suivre cet épisode. Mais l’histoire, elle, continue, ici et ailleurs…Pour ne parler que d’ici, dès lundi prochain, j’espère, va s’ouvrir la séquence des « nobles voyageurs » que j’évoquais dans l’éditorial « vivre poétiquement » de ce blog.
Et puis, puisque les « nobles voyageurs » s’étaient déjà manifestés en ce siècle et ce monde au printemps 2006 dans le cadre du roman « la conjuration des vengeurs »(2), je vous annonce leur retour…ici-même en avant-première et dans l’année 2011. En effet le roman est en cours d’adaptation pour devenir une bande dessinée en deux tomes qui paraitra aux éditions Glénât.
C’est l’amie Joëlle Savey qui en a signé l’adaptation et l’ami Cyrille Ternon qui est, en ce moment même en train d’en tracer les planches que je reçois et « corrige » chaque semaine. Vous le voyez, la « belle aventure » continue…
Permettez-moi de vous rappeler le manifeste des vengeurs :
1/ Nous sommes les neufs pauvres chevaliers qui créèrent avec Hugues de Payns l’Ordre du Temple, avec ses neuf provinces, puis on révéla que nous crachions sur le christ et baisions le cul du diable, et nous vîmes notre Grand-Maître Jacques de Molay périr sur le bûcher par la cause d’un roi et d’un pape. Mais de nos lointaines terres d’Écosse où nous nous repliâmes dans les loges maçonniques, nous guidâmes le fer et le trait des armées de paysans levées par Robert Bruce contre leurs oppresseurs, et tenions ainsi notre revanche.
2/ Nous sommes les fidèles assassins d’Hassan Sabbah, et nous reçûmes des mains du Vieux de la Montagne la coupe et le poignard, le secret du haschich, et
sa bénédiction pour fonder l’Ordre réformé des ismaïliens d’Alamut qui allait réveiller l’antique religion zoroastrienne et hâter le soulèvement iranie. Nous embrassions les Templiers comme s'embrassent de vrais frères et, avec eux étudiâmes l'Art Royal et la flos florum
3/ Nous sommes le Bundschuch des laboureurs et paysans d’Alsace. En l’an de grâce 1493, nous conspirâmes pour tuer les usuriers et annuler les dettes, confisquâmes les trésors des monastères, amputâmes les revenus des prêtres, abolîmes la confession orale et instaurâmes des tribunaux locaux élus par les communautés. Le dimanche de Pâques, nous attaquâmes la forteresse de Schlettstadt. Nous fûmes vaincus. Nombre d’entre nous furent arrêtés et jetés aux cachots pour être écartelés ou décapités. D’autres furent estropiés, mains et doigts tranchés, puis exilés. Le bundschuch vit encore.
4/ Nous sommes le tribunal de la Sainte Vehme, errant par toute la Westphalie, n’ayant d’autres lois à respecter que celles dictées par la conscience et l’égalité naturelle, mettant fin par les tribunaux populaires aux scandaleuses impunités des barons féodaux, obligeant les profiteurs rendre gorge, jouant de la corde et du poignard pour rétablir le droit des gens contre celui des puissants
.
5/ Nous sommes les Illuminés de Bavière, et nous cherchâmes à renverser la monarchie allemande dix ans avant la Révolution française, pour en finir avec le gouvernement et la propriété privée parce que nous voulions abolir toute subordination sur la surface de la terre, sillonnant l’Europe pour échapper aux persécutions menée par la société secrète de la Rose-croix d’Or qui avait bafoué et souillé l’idéal de la première Rose-Croix , et diffusant , partout où nous étions , l’esprit des Lumières dans les loges maçonniques.
6/ Nous sommes les Carbonari qui initièrent François 1er dans une modeste cabane de travailleurs, prirent le maquis contre les Bourbons de Naples et les troupes autrichiennes, mirent en échec les polices de la Restauration et de la Monarchie de Juillet et travaillèrent à renverser le Trône et l’Autel, et nous vîmes nos quatre frères et cousins décapités à La Rochelle mais nous eûmes le temps de tracer sur leur poitrine l’Échelle de La Résolution.
7/ Nous sommes les Frères de la Cô te, flibustiers et pirates de haut rang, pillant et rançonnant les navires marchands, vivant dans nos farouches utopies, sous le drapeau noir et les tibias entrecroisés, ce que nulle utopie de bureaucrate politicien n’est parvenue à réaliser depuis :l’égalité fraternelle, la liberté sans limite et la jouissance dépensière. Notre fraternité par-delà terre et mer a fait honte à Satan et rendu Dieu, qui n’existe pas, jaloux. Nous fûmes les premiers à découvrir la mondialisation du capital, lorsque les caravelles chargées d’or et d’épices sillonnaient les océans, et contrairement à vous, nous n’attendîmes pas le Grand Soir pour voler les voleurs et vivre comme des gueux couronnés.
8/ Nous sommes les avant-postes de l’armée du Général Ludd. En l’an de Grâce 1811, nous parcourûmes la campagne anglaise et dévastâmes les usines, détruisant les machines et riant à la face des bourgeois notables. Le gouvernement à la solde du capital nous envoya des milliers de soldats en armes. Une loi scandaleuse déclara que les machines étaient plus importantes que les hommes. La révolte éclata et ceux qui échappèrent au nœud coulant furent déportés en Australie. Et pourtant, le Général Ludd passe encore au galop à la lisière des champs, ralliant ses troupes du fin fond de la nuit.
9/Nous sommes les neuf vengeurs d’Adonhiram, diligentés par le très sage roi Salomon pour châtier les assassins de notre cher maître. Là où le crime et l’injustice triomphe, là où l’on enchaîne le peuple par la superstition, la violence ou l’argent, la où les puissants écrasent la veuve et l’orphelin, là où tant de nos sœurs sont bafouées, trompées, trahies par des tricheurs, là où des petites princesses qui s’ignorent sont traitées comme des souillons,, nous sortons de l’ombre le temps de porter de notre glaive un coup fatal, puis nous retournons au secret.
Aujourd’hui que triomphe l’arrogance des puissants, que les tricheurs tiennent le haut du pavé, que les faux-séducteurs trompent nos sœurs et leur mentent, que les "souffleurs" , faux alchimistes, usent et abusent de l'idéal de nos soeurs et frères, aujourd’hui, quittant notre nid d’aigle , nous sommes revenus dans la Vallée des hommes.
Et nous faisons appel à vous pour venir au Camp de Rendez-vous dans la clairière de l’Être, sous votre bannière enfin haut levée, unir vos forces aux nôtres, pour hâter le cours naturel de l’histoire par certaine alchimie de l’Amour dont nous avons le secret, pour aider chaque frère et sœur , enchainés dans l’illusion et la croyance, à se libérer et s'émanciper.
Nous sommes La CONFRERIE DES NOBLES VOYAGEURS, empruntant les vêtements du siècle où nous sommes, parlant la langue des hommes et femmes qui nous offrent avec sincérité le pain, le feu, le sel, mêlés à la foule anonyme, parmi les baladins, les lépreux et les catins, mais cachant sous nos pouilles le secret du vrai sel, celui de l’amour vrai.
Assemblée hétéroclite de parias, de gentilshommes de fortune, de déclassés, de rêveurs sans scrupules, nous n’avons d’autre maître que notre conscience et nous sortons de l’ombre pour faire briller une fois encore l’éclair de nos poignards pour venger vos espoirs bafoués et celui de notre sourire fraternel.
Aussi, si vous voulez nous connaître, descendez visiter l’intérieur de la terre, et là-bas, au plus profond, au plus vrai, au plus noir du noir, nous nous reconnaîtrons et nous nous rejoindrons.
A toujours, à jamais, à tout de suite…
C’est-à-dire à très bientôt.
JV
(2) La conjuration des vengeurs. Laurent Ducastel. Jacques Viallebesset. Editions Dervy. 2007