Créer, non posséder.
Oeuvrer, non retenir.
Accroître, non dominer.
Créer, non posséder.
Oeuvrer, non retenir.
Accroître, non dominer.
Prends le verre dans une main, telle une tulipe du mois de mai!
Avec une jolie à joues de tulipe, si le jour s'y prête, sois gai!
Fais la fête! Bois du vin dansla douceur du temps!
Le temps vieillissant dans l'argile va s'allonger!
Je suis ivre rien qu'en voyant les verres de vin!
Je suis poète en feu rien qu'en regardant les jolies!
Je fais de l'ivresse en regardant les verres de vin!
Je fais des vers quatre par quatre en regardant les jolies!
ô coeur, puisque le destin te tourmente
Et puisque l'âme sincère doit te quitter, ô corps,
Dans l'herbe, assieds-toi et fais la fête quelques jours
Avant que l'herbe pousse sur ta tombe pour toujours.
Tout ce qui prend teinte et s'ouvre et fait enfance
Tout ce qui devient paume haleine et palpitation
Ce premier pavois frissonnant fragile
Cette précocité de la lèvre cette peau
Trop parfaite au printemps comme une invite à la blessure
Mais d'habitude il me semblait déjà qu'à cette époque à cette époque
La feuille laissait voir le sang la première étoile un point une promesse
De la rose
Et si la rose cette année
Parce qu'il n'y a pas eu suffisamment de neige ou trop de glace
Si la rose dans sa profondeur atteinte éteinte était
Absente cette année ou comment appeler celà
Si c'était fini de la rose
Fichu flambé forclos de la rose
Pour quelque mal souterrain quelque éclosion de larves inconnues
Une rouille avant l'heure un tarissement de sève
Une sorte de fièvre puerpérale dans la pourpre et la pâleur
Un blanc d'odeur ou pire un cheminement d'hormones
Une déroute des parfums la fente et la faille à la fois
La faillite si c'était la faillite
De la rose
Comme c'est long comme c'est long cette année
Cette interminable attente de la rose
Et puis à l'épuisement du souffle à l'impossible
De la feinte à la perte de l'impassibilité
Qu'elle perce enfin qu'elle perce
Imperceptible encore mais
Qu'elle perce
La rose
Il n'y a pas d'amour. Il n'y a que des preuves d'amour.
La poésie est à la vie ce qu'est le feu au bois. Elle en émane et la transforme
Le véritable Nom n'est pas celui qui dore les portiques,
illustre les actes; ni que le peuple mâche de dépit;
Le véritable Nomn'est point lu dans le Palais même, ni
aux jardins ni aux grottes, mais demeure caché par
les eaux sous la voûte de l'acqueduc où je m'abreuve.
Seulement dans la très grande sécheresse, quand l'hi-
ver crépite sans flux, quand les sources, basses à
l'extème, s'encoquillent dans leurs glaces,
Quand le vide est au coeur du souterrain et dans le sou-
terrain du coeur, - où le sang même ne roule plus,-
sous la voûte alors accessible se peut recueillir le Nom.
Mais fondent les eaux dures, déborde la vie, vienne le
torrent dévastteur plutôt que la Connaissance!
La parole est à moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute.
Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours - de poésie, jamais.
Qui sait tout souffrir peut tout oser.
Vauvenargues
Vent du Sud,
Brun, ardent,
Ton souffle sur ma chair
Apporte un semis de brillants
Regards et le parfum
Des orangers. Tu fais rougir la lune
Et sangloter
Les peupliers captifs, mais tu arrives
Trop tard.
J'ai déjà enroulé la nuit de mon roman
Sur l'étagère!
Sans nulle haleine,
Tu peux m'en croire!
Tourne, mon coeur,
Tourne, mon coeur.
Vent du nord,
Ours blanc!
Tu souffles sur ma chair,
Tout frissonnant d'aurores
Boréales,
Avec ta traîne de spectres
Capitaines,
Et riant aux éclats
De Dante.
Ô polisseur d'étoiles!
Mais tu arrives trop tard.
L'armoire est vermoulue
Et j'ai perdu la clé.
Sans nulle haleine,
Tu peux m'en croire!
Tourne, mon coeur,
Tourne, mon coeur.
Brise-gnomes et vents
Venus de nulle part.
Moustiques de la rose
Aux pétales en pyramides.
Vents alizés grandis
Parmi les rudes arbres,
Flûtes dans la bourrasque,
Laissez-moi!
De lourdes chaînes suivent
Mon souvenir,
Et l'oiseau est captif
Qui dessine le soir
Avec ses trilles.
Les choses qui s'en vont ne reviennent jamais.
Tout le monde le sait,
ET dans le peuple clair des vents
Il est vain de se plaindre.
N'est-ce pas, peuplier, doux maître de la brise?
IL est vain de se plaindre!
Sans nulle haleine,
Tu peux m'en croire!
Tourne, mon coeur,
Tourne, mon coeur.