Si tu t'empares d'un peu de terre,
d'une feuille évadée de sa branche,
est-ce bien pour te souvenir
de ce qui s'est effondré trop tôt
avec la discrétion de l'ombre
glissant sur un mur?
En cherchant ce pays
dont les distances
ont brouillé la géographie
tu parviens à suivre
une piste imaginaire
qui te ramène sans cesse ailleurs.
Tu es resté sur l'autre versant,
tu as tenté de te rejoindr,
mais tu n'as saisi que le vide et le vent.
Ce pays ne t'appartient pas:
aucune saison pourtant
ne fera place
à ce qui s'appelle l'absence.
Ce qui te porte encore
plus loin que l'horizon
c'est cette lueur passée
que ton regard a conservée
et qui met en relief
un sommet, une vallée
que les distances n'ont pas abolies,
cela qui te permet
demarcher à l'aveugle
le long d'une route
de traquer l'absence,
même quand les balises
ont disparu.