Pour ceux qui n'entendent pas
Pour ceux qui sont bien deça de la parole
Pour le pêcheur au bord du fleuve
Et sa ligne lui prend le soleil et les feuilles
Pour la femme dans la maison
Ses mains déposées sur les meubles
Pour l'enfant voleur de clés
Pour ceux qui ne sont pas allés
Vers les fontaines lumineuses
Je dis ces mots qui ne sont rien
Mais qui éprouvent ma tendresse
Car vient le temps
Où je pourrais marcher sur terre
Et me suivront tous ceux qui n'ont pas méconnu
Le pouvoir enchanté du flot
Et veilleront à mains jalouses sur les roses
Voici que les charrues glissent dans mes cheveux
Voici que mes poumons comme des moissonneuses
Eparpillent des mots légers dans le ciel bleu
Je retrouve vivant mon coeur chaud sous la glaise
Je suis capable de parler sans m'interrompre
Aussi longtemps qu'il le faudra
Parce qu'il est entendu que nous sommes là
Pour nous répondre
Que nous sommes là pour tout confondre
Nos mains
Nos lèvres
Et la fumée de nos deux cigarettes
Parce que c'est un jour à ouvrir les fenêtres
A rire et à chanter
A oublier le nom de ceux qui ne sont pas encore arrivés
De ce côté-ci de la terre.