Prenez un arbre par la main
conduisez-le dans la forêt,
les racines lui feront fête,
la lune boira sur sa crête.
On voudrait filer à l'anglaise,
loin de sa maison s'échapper.
Nous attend à l'arrêt du bus
un petit nuage en gibus.
Il faut apprendre à délester
les fenêtres de leurs reflets,
sur les marchés rendre aux aveugles
un peu de lumière exilée.
De la ville il faut s'extirper
de temps en temps pour la reprendre
l'emmener loin hors de son lit,
Ne l'aimer qu'à force d'oubli.
Que l'on vole la clé des champs
pour ouvrir d'invisibles portes
de prison jusqu'en nos paroles,
et que nous traverse le vent
nous qui sommes de l'herbe folle.
Le Baladin de Paris. Editions Le Temps des cerises. 2012