Le nom de Jean-Pierre Siméon est tellement associé au « Printemps des poètes » qu’il incarne, il voyage tellement aux quatre coins de la France et du monde , dans les écoles, les bibliothèques, les théâtres, les festivals, pour promouvoir la poésie que l’on en viendrait parfois à oublier que derrière l’homme social et sociable , le passeur inlassable , le militant de la poésie sous toutes ses formes, se dissimule un homme qui trouve le temps d’en consacrer encore à cet exercice solitaire qu’est l’écriture poétique. Pourtant, depuis 1978 et son premier recueil, Traquer la louve, jusqu’au Traité des sentiments contraires en 2011, c’est bien une oeuvre que construit, recueil après recueil , le poète Siméon. Revendiquant l’influence de Paul Eluard, la poésie de Jean-Pierre Siméon est exigeante, non pas parce qu’elle serait hermétique, mais parce qu’elle ne se laisse aller à aucune facilité. Préférant le maniement des mots aux maniements des idées, frappant par la force de ses métaphores et par la musicalité rythmée de ses vers, Jean-Pierre Siméon laisse à ses poèmes leur part de mystère, ouvrant ainsi le sens et permettant au lecteur de multiples interprétations. Inspiré par la musique de Schubert, le Traité des sentiments contraires est une œuvre de la maîtrise et de la maturité. Ouvert à toutes les formes et à tous les étonnements Jean-Pierre Siméon en appelle à la joie en ses termes : « oh, laissons-là venir compagne jaillissant d’un buisson inconnu ». La nôtre est de le redécouvrir à chaque lecture.
AJL
Magazine Littéraire . Février 2012
Dernier ouvrage paru : Traité des sentiments contraires. ed Cheyne.80 p.15 E