Il eût fallu peut-être, il eût fallu sans doute
Le galop du torrent, la fougue des tempêtes
Pour habiller nos rêves, pour éclairer nos routes
Et suivre notre étoile jusqu'au bout de la fête.
Il eût fallu l'éclat des rires enfantins
Jetés sur les silences, creusets des lassitudes,
L'audace des oiseaux portés aux vents marins
Quand leurs ailes d'écume bravent nos solitudes .
Il eut fallu l'horloge aux auguilles arrêtées
Un accord oublié aux touches du piano,
Quelques grands paysages où il est bon d'errer
Sous la lune affranchie de tous ses oripeaux
Il eût fallu nos mains par-dessus les saisons,
Le feu clair de nos bouches derrière les volets clos,
Les étreintes joyeuses des corps à l'unisson,
Happés dans la douceur de l'infiniment beau.
Il eût fallu l'oubli et le secret des roses,
La feuille qui tournoie, le chant du rossignol.
Il eût fallu ce rien, cette fleur qu'on dépose
Dans les ombres du coeur tapissées d'herbes folles .
M-C Drigeard
Poème inédit