Je suis le fils des caravanes
Qui tournent sur la terre
Fils d'une horde sans nom
Qui n'a mémoire que de la soif
Du soleil à midi
Et de la poussière levée .
La route a pour horizon
Une prière au jour le jour
Qui défie l'espérance
Autant que les malédictions,
Et ligne un mantra aux nuages
A défaut de l'oreille des dieux.
Ce qui nous mène est une question
Sans réponse ni retour
Mais avec un refrain à chaux et à sable
Que l'on dirait irrémédiable
Pour peu que s'y joue le Grand jeu
A la barbe des gardes-frontières.
Je m'invente un pédigree
Et passe où bon me semble,
A Kaboul comme à Seville
Sans avoir à changer d'allure
A Lhassa comme à Tanger
Sans avoir à changer de peau.
La marche se veut tout terrain
Pourvu qu'elle garde encore à vif.
La marche se veut tout terrain
Pourvu qu'elle garde à vif
Le souffle de la vraie vie
Tempo toujours renaissant
Même s'il force un peu la note
Quand il trafique dans l'infini.
Extrait de " Les solitudes" . Gallimard