Le vent qui souffle à travers la montagne
Me rendra fou.
Je veux partir, je veux prendre la porte,
Je veux aller
Là où ce vent n'a plus de feuilles mortes,
A râteler.
Plus haut que l'ombre aux vieilles salles basses
Où le feu roux
Pour la veillée éclaire des mains lasses
Sur les genoux;
Aller plus haut que le col et l'auberge
Que ces cantons
Où la pastoure à la cape de serge
Paît ses moutons;
Que les sentiers où chargés de deux bannes,
Sous les fayards,
Le mulet grimpe au gris des feux de fanes
Faisant brouillard.
Ce vent me prend, me pousse par l'épaule,
Me met dehors,
La tête en l'air, le coeur à la venvole,
Le diable au corps.
Il faut partir et prendre la campagne
En loup-garou:
Le vent qui souffle à travers la montagne
Me rendra fou.
Henri Pourrat
Sinon dans sa jeunesse , Henri Pourrat a écrit et publié peu de poèmes . Celui-ci , à l'évidence, lui a été inspiré par les deux célèbres vers " Le vent qui vient à travers la montagne/ Me rendra fou" extraits du poème " Gastibelza de Victor Hugo