Il y a des vieillards de vingt ans discuteurs
Debout par la seule fatuité de leur néant
Je ne veux plus du monde que l'on nous fait
Je veux le monde que nous désirons sans fin
Etre à l'écoute des ailes qui se déploient en nous
Pour s'envoler sur les voies de la pureté
Les chemins du pain du vin et de l'amour vrai
J'aime les hommes drus comme des gerbes de blé
J'en connais aux yeux marins largement ventés
Dans lesquels se lèvent les plus belles aurores
Des artisans honnêtes du métier de vivre
Rabotant les mots comme le menuisier le bois
Qui respectent la matière comme l'être aimé
Pour qui l'amour et l'ouvrage sont des raisons
De croire à la paix la tendresse et l'espérance
A l'orgueil fou du fat j'oppose la seule fierté
Des êtres sincères qui tressent en patience leur nid
De vérité de soi avec des mains de caresse
A la trompeuse forme morbide du désespoir
De la misère et de l'artifice qu'est l'argent
Répond la condition naturelle de l'homme
Refaisant chaque matin la création du monde
Et de la terre en sommeil sur son lit d'étoiles
Il faut se créer par coeur des raisons d'espérer
On ne connait que ceux que l'on aime vraiment
A ceux-là je veux dire le triomphe de la vie
Que la poésie vous garde purs et vivants
Communion de joie vraie sous la voûte étoilée.
Extrait de Sous l'étoile de Giono
Editions Alain Gorius/ Al Manar
disponible sur www.editmanar.com